Passer au contenu principal

C’est une situation inédite. Depuis l’automne, les hausses de prix des énergies entravent la reprise économique européenne et menacent des pans entiers de l’activité. Ironie de l’histoire, le « bouclier nucléaire » ne s’est révélé d’aucune utilité jusqu’à la fin du mois de janvier, en raison des mécanismes de marché liant les cours de l’électricité à ceux du gaz.

Bilan de la séquence au plan national : 150 millions de soutien à l’industrie engloutis au dernier trimestre 2021, 45 000 emplois menacés, des sites stratégiques à l’arrêt ou tournant au ralenti faute de rentabilité… Depuis plusieurs semaines la presse fourmille d’exemples, parfois ubuesques, qui vont momentanément à l’encontre de nos ambitions pour promouvoir une économie souveraine et décarbonée. Citons, en vrac : une scierie stoppant son approvisionnement électrique au profit d’un groupe électrogène alimenté au diesel, la mise en sommeil pour deux mois de la dernière unité française de fabrication de zinc, la baisse de production de la plus grande fonderie d’aluminium d’Europe à Dunkerque ; et enfin le dossier emblématique de l’aciérie Ascoval, dont le propriétaire menaçait de délocaliser 40% de l’activité en Allemagne pour bénéficier du moindre coût d’une électricité « charbonnée »…

Les libéralités conjoncturelles validées par Bruxelles en aides et abattements fiscaux et la pression exercée par Bercy sur EDF pour augmenter le volume annuel de l’ARENH (accès régulé à l’énergie nucléaire historique / un mégawatheure à 42 €) devraient in fine permettre de passer le cap de l’hiver 2022.

Néanmoins, ce stress test de haute intensité doit nous alerter sur la nécessité d’accélérer les transitions. Le risque, à défaut, consisterait à dilapider régulièrement une partie des ressources qui leur sont destinées en interventions ponctuelles de compensations. Donc au détriment d’investissements compétitifs, contribuant à réduire notre dépendance nocive aux énergies fossiles.

Représentant 44 % de l’énergie finale consommée en France, le parc bâti et les activités de construction constituent alors le pivot des transformations prioritaires.

Le bâtiment, un puissant vecteur d’économies, une source de production d’énergie

Présenté en avril 2018, le Plan de rénovation énergétique des bâtiments pour le quinquennat portait sur 14 milliards d’euros d’investissements et primes plus 5 milliards d’euros de certificats d’économie d’énergie utilisés pour financer directement des travaux.

Des moyens consolidés en 2020 et 2021 pour l’immobilier tertiaire par le Plan de relance : 4 milliards d’euros portant sur les bâtiments publics, 500 millions étant attribués aux bailleurs sociaux et 200 millions dédiés aux TPE et PME.

Parallèlement, le Gouvernement a mené une concertation de longue haleine avec la profession pour arrêter les contours de la Norme RE 2020 sur les constructions neuves. Elle s’est substituée à la RT 2012 au 1er janvier 2022.

Exigeante, elle impose une modélisation des émissions carbone liées au bâtiment sur son cycle de vie, de sa conception à sa démolition. Elle oriente ses efforts vers une passivité énergétique. De fait, elle resserre les options techniques vers des solutions préfabriquées ou en ossature bois et tend vers l’abandon des énergies fossiles pour le chauffage ou le refroidissement. Elle oblige aussi à penser une autoproduction faisant appel au photovoltaïque, au micro-éolien, à la géothermie…

Décret sur la rénovation des bâtiments tertiaires de juillet 2019 :

application le 30 septembre 2022

Il concerne tous les locataires ou propriétaires d’un bâtiment tertiaire, privé ou public, de plus de 1 000 m2 , ou mixte comprenant une surface tertiaire d’au moins 1 000 m2.

Cette réglementation vise à ce que leur consommation énergétique finale soit réduite de 40 % en 2030, 50 % en 2040 et 60 % en 2050. L’année servant de référence doit être prise sur la décennie 2010.

Chaque année, les propriétaires et locataires qui y sont soumis devront déposer un dossier de déclaration sur la plateforme OPERAT gérée par l’Ademe pour rendre compte de l’évolution des consommations, des travaux réalisés et de l’état d’avancement de leur plan de réduction.

Le défaut de déclaration sera sanctionné : d’abord, après mise en demeure, par la publication sur un site internet ouvert au public de la liste des sociétés et organismes déficients. Ensuite, après rappel, par une amende administrative de 1 500 € pour les particuliers et 7 500 € pour les personnes morales.

Cette réglementation concerne un parc immobilier tertiaire de plus d’un milliard de m2.

Sur ce secteur stratégique, le chemin est ainsi balisé : les cadres et moyens sont déployés afin de réduire notre consommation énergétique nationale d’environ 8% d’ici huit ans.

Mais 2030, s’agissant de la programmation de travaux conséquents, c’est presque demain.

Des solutions existent. Elles sont notamment sur Vetted.fr. Agissez !

Olivier ABULI, consultant conseil et analyses