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Nombreux sont les défis que nos sociétés modernes ont à relever. Parmi lesquels la transformation durable, que certains cantonnent uniquement à la lutte contre le dérèglement climatique. Pour diverses raisons en effet et notamment d’appréhension transverse de la problématique, le climat semble être l’arbre qui cache la forêt. Alors même que la transformation durable est in fine une révolution de nos modes de pensée et de vie, de nos schémas d’organisation et finalement de rapport avec la planète sur laquelle nous vivons parmi les plus de 10 millions d’espèces animales et végétales.

La terre étant un système complexe, la transformation durable est par conséquent systémique.

C’est donc dans ce cadre là, que le Gouvernement a présenté en septembre dernier le volet biodiversité, partie intégrante de sa planification écologique. Dans un contexte de changement climatique aggravé et d’artificialisation des sols, impliquant notamment stress thermique (météo, incendies, etc) et hydrique accru pour la faune et la flore, des mesures fortes et structurantes sont prises, pour application dans les mois et années à venir. A commencer par la loi zéro artificialisation nette ayant pour objectif de stopper la consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers (réduction de 50 % du rythme d’artificialisation d’ici 2030 par rapport à 2011-2020). Et ainsi pouvoir préserver les prairies, replanter des haies (+50 000 km de haies plantées vs -10 km/an actuellement), accroître la surface de forêts durablement gérées (+3 Mha), avec notamment la plantation de millions d’arbres via des financements publics et la création d’un réseau d’aires protégées cohérent et ambitieux, en atteignant notamment 10 % de protection forte dans les milieux sensibles et menacés. Des chantiers qui seront menés en étroite collaboration avec les collectivités territoriales.

Toutes ces mesures visant entre autre à renforcer nos puits carbone, à contribuer à l’autonomie énergétique via la biomasse (+8TWh de biogaz par méthanisation de CIVE et triplement de fumier/ lisier méthanisé chaque année pour le porter à 2.9 MtMS), à mieux se nourrir au travers de filières courtes avec le doublement des surfaces dédiées à l’agriculture biologique et dans le même temps la réduction de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques (nouveau plan Ecophyto 2030), ou encore à pouvoir produire localement, notamment du bois pour le marché de la construction et rénovation de bâtiments.

Le Gouvernement prévoit d’actualiser ses travaux, en publiant dans le courant de l’année 2024 les indicateurs adéquats correspondant aux spécificités ultra-marines.
Il était en effet urgent d’accélérer sur le sujet et d’appréhender avec la même considération la lutte contre le réchauffement climatique, de celle pour la préservation de la biodiversité et des ressources, en même temps que les enjeux sociaux et sociétaux.

Si la première Stratégie nationale pour la biodiversité date d’il y a 23 ans, il faut bien reconnaître que les résultats n’étaient pas à la hauteur de l’enjeu. Les habitats et les milieux ont continué à se dégrader, mettant par là même en péril les espèces, en France métropolitaine, comme ultramarine. Le volet biodiversité du Plan Sobriété a donc pour objectif de mieux préserver et valoriser nos écosystèmes pour notamment contribuer à inverser le fort déclin des 300 espèces sur liste rouge de l’UICN.

Mieux préserver nos écosystèmes, c’est reconnaître notre dépendance à la nature pour mieux agir contre l’effondrement de notre biodiversité.

C’est ainsi définir un nouvel équilibre entre l’exploitation de nos ressources et leur préservation et restauration, pour garantir leur pérennité.

  • Préserver et restaurer la nature : la pollution, l’étalement des villes et la fragmentation qu’elles entraînent, la surexploitation des espèces et des milieux, l’introduction d’espèces exotiques envahissantes et le changement climatique sont les facteurs qui font pression sur la nature et mettent en péril la biodiversité en France hexagonale ou en outre-mer. Aussi, les secteurs prioritairement concernés, tels que l’agriculture, la pêche, l’aquaculture, la production d’énergie, la construction, le tourisme et le sport seront particulièrement accompagnés.
  • Protéger la richesse de nos sols : selon le Cerema, avec une consommation moyenne entre 2011 et 2020 d’environ 25 kha/ an, soit un département artificialisé tous les dix ans (dont 68% pour le logement, 26% pour les activités économiques et 6% pour des usages mixtes ou inconnus), la protection des espaces naturels, agricoles ou forestiers (ENAF) et de nos sols, souvent exploités aussi pour l’agriculture ou l’élevage, représente un levier essentiel pour stocker une partie des émissions de gaz à effet de serre.
  • Instaurer une meilleure gestion durable de nos ressources eau et forêts : l’état des nappes phréatiques et de nos forêts se sont dégradées de manière beaucoup plus rapide qu’anticipé avec une baisse drastique des réserves, une augmentation de la mortalité des espèces et une forte baisse de la capacité de stockage de CO2. Pour y remédier, le Plan Eau établit 53 mesures pour une gestion concertée et résiliente de l’eau, avec notamment un objectif de – 10 % d’eau prélevé d’ici 2030, décliné territoire par territoire avec une meilleure mesure des volumes prélevés, la réduction des fuites et la sécurisation de l’approvisionnement (180 millions d’euros par an d’aides supplémentaires aux agences de l’eau), la valorisation des eaux non conventionnelles, avec un objectif de 1 000 projets de réutilisation d’ici 2027 et enfin l’amélioration du stockage dans les sols, les nappes et les ouvrages.

À l’image des autres volets de la Planification écologique, 2,5 millions d’agents de la fonction publique d’Etat seront formés d’ici 2027 à la biodiversité, avec dans le même temps la mobilisation attendue des entreprises, citoyens et collectivités pour permettre une mobilisation éclairée et efficace en faveur de la biodiversité. Les travaux de territorialisation de la planification écologique avec les collectivités locales ont été lancés dernièrement. Dans le même temps, les travaux avec les filières et acteurs économiques se poursuivent. A ce titre, la comptabilité écologique arrive à point nommé pour contribuer au reporting extra financier des entreprises et valoriser les bonnes pratiques. De son côté, la puissance publique suivra avec attention un certain nombre d’indicateurs d’impacts tels que :

  • Sols (prairies) : évolution nette des surfaces en prairies (Mha)
  • Sols (terres cultivées) : kilomètres linéaire de haies (kkml)
  • Forêts : surface brulée (kha), surface de forêt couverte par des documents de gestion durable (Mha), nombre d’arbres plantés sur financement public (millions)
  • ZAN (construction neuve) : consommation ENAF (kha)

Sources :

www.gouvernement.fr/france-nation-verte/publications : La planification écologique : la synthèse du plan. Conseil de planification écologique, 25 septembre 2023